François Bayrou et la Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre

Publié le par Democratix

Hier après-midi à l'Assemblée Nationale, F. Fillon a exposé lors d'un discours d'un peu plus d'une heure, sa déclaration de politique générale devant nos élus. Figure imposée de notre Vème République, cet exercice a de tout temps été considéré comme délicat pour chaque nouveau Premier Ministre investi. On nous avait annoncé des surprises, force est de constater que surprise il n'y eut pas, sauf à considérer comme telle la part importante dédiée à la politique extérieure de la France, rompant ainsi avec la tradition des dernières législatures: le Premier Ministre mène la politique intérieure du pays, sa politique extérieure restant un domaine réservé du Chef de l'Etat. Le porte-parole de l'Elysée, D. Martinon, l'avait annoncé dans un élan pour le moins maladroit: le Premier Ministre "n'aura pas à faire preuve de beaucoup d'imagination". Ce fut effectivement le cas.

Suite à la longue déclaration de F. Fillon, les Présidents de groupes parlementaires à l'Assemblée ont pu largement s'exprimer, avant qu'il ne soit procédé à une séance d'explication des votes. Du fait que le Mouvement Démocrate n'a pas de groupe parlementaire à l'Assemblée, ce n'est que de cinq minutes de temps de parole dont a disposé François Bayrou pour expliquer les raisons du vote abstentionniste des députés du MoDem. Non sans avoir rappelé au préalable que si le mode de scrutin des législatives avait été conforme à celui qui est pratiqué outre-Rhin, ce ne sont pas 4 députés MoDem qui auraient été élus, mais 61 au vu du score réalisé par ce dernier lors du premier tour des dernières législatives, mettant ainsi à nouveau le doigt sur le problème bien réel que pose ce qu'on qualifie habituellement, de façon bien trop optimiste voire aveugle, "la Représentation Nationale".

Alors que les deux groupes parlementaires de gauche (PRG et SRC) avaient, sans surprise, décidés de voter contre la confiance au Gouvernement et alors que les deux groupes parlementaires de droite ou ralliés à la droite présidentielle (UMP et Nouveau Centre) avaient, sans surprise non plus, décidé de voter la confiance au Gouvernement, François Bayrou, au nom du MoDem, s'est lui abstenu, démontrant ainsi, s'il est toutefois encore nécessaire de le rappeler, la totale indépendance du Mouvement Démocrate vis-à-vis des deux gros "blocs" politiques en place.

Quelles sont les raisons qui ont motivé cette abstention?

François Bayrou a rappelé qu'il jugeait constructifs et nécessaires nombre d'engagements pris par le Gouvernement, insistant tout particulièrement sur d'une part la Réforme des Universités - mais qui toutefois lui semble moins ambitieuse que promis -, et sur d'autre part le "Small Business Act à la Française" destiné à soutenir nos Petites et Moyennes Entreprises. Mais il a aussi noté que le discours du Premier Ministre souffrait de "deux grandes hypothèques indépassables":

- la contradiction entre le nombre pléthorique des mesures annoncées, leur coût et la volonté affichée par le Gouvernement de réduire la dette de la France,

- la concentration des pouvoirs au sommet de l'exécutif, incompatible avec la modernisation des institutions.

J'essaierai dans les jours qui viennent d'expliciter plus précisément dans deux billets séparés, quelles sont exactement ces deux "hypothèques", et quelles pourraient être leurs conséquences néfastes à terme pour la France.

Publié dans Mouvement Démocrate

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