Le MoDem et son avenir

Publié le par JF le démocrate

Hier, j'ai essayé de démontrer ce qu'il ne faut pas faire si l'on cherche à "faire de la politique  autrement". Du show langue de bois à la G. Marchais à la nouvelle langue de bois beaucoup plus subtile, dont N. Sarkozy et JF. Copé sont selon moi les inventeurs, j'ai passé en revue tout ce qu'il y avait de plus détestable je trouve en politique. A côté de cela, j'aurais pu rajouter côté PS le comportement d'une S. Royal, tout aussi navrant, puisqu'elle a elle-même avoué que le programme présidentiel qui était le sien en 2007 était une chose à laquelle elle ne croyait pas.

Dans ma position de simple adhérent au Mouvement Démocrate, qui n'ai aucune responsabilité dans ce parti politique hors celle de mes propres propos, je vais essayer maintenant dans un souci de réalisme mêlé d'utopie de présenter ce que je crois être la façon dont le MoDem doit poursuivre son développement. Ceci est valable pour tout le monde, qu'il soit dirigeant ou militant de base.

1) Ne pas céder à la tentation personnelle et jouer collectif

Le MoDem est une aventure collective. F. Bayrou seul ne gagnera jamais en 2012. Il sera une fois encore 3ème, et encore seulement s'il mène une bonne campagne électorale. Globalement, si sa côte de popularité est toujours conséquente, il lui faudra gagner environ 10 points dans les intentions de vote. Je suis convaincu que sur son seul nom il ne le peut pas. Seul le MoDem peut lui apporter ces 10 points supplémentaires. Et le MoDem ne se réduit pas à Marielle de Sarnez (qui je le rappelle n'a fait qu'environ 10% aux municipales parisiennes). Autrement dit, le tandem Bayrou-de Sarnez est incapable à lui seul de l'emporter en 2012. C'est un fait je crois, qui devrait faire réfléchir le tandem en question, et l'encourager à plus d'ouverture (je n'ai toujours pas digéré la prise de position manifeste de F. Bayrou en faveur de la liste de M. de Sarnez pour les prochaines élections à la fédération de Paris...). Point n'est question pour moi de tenter de briser le "couple", mais si j'ai adhéré au MoDem, c'est pour les idées de F. Bayrou et non pas pour le sourire de M. de Sarnez. Que celle-ci demeure son éminence grise ne me pose aucun problème (c'est même tant mieux), mais si le MoDem se réduisait à ce tandem en revanche, à la fois en tant qu'adhérent et électeur, je finirais par me poser des questions.

Hors notre "tandem" de dirigeants, cette règle s'applique aussi à bien d'autres. Pas forcément à ceux qui souhaitent voir leur mandat renouvelé à court terme grâce à une alliance plus ou moins assumée avec l'UMP dans la tradition de l'ancienne UDF: ceux-là de toute façon feront tôt ou tard défection au MoDem. Dans une perspective long terme, peut-être ont-ils tort. Mais la politique peut aussi constituer quelque chose d'alimentaire, et quand on a le pouvoir, on n'a pas forcément envie de le lâcher, c'est une loi humaine qu'il faut prendre en compte.

En tous les cas, cette règle s'applique aux "nouveaux", ceux qui veulent émerger sur la scène politique, parfois par tous les moyens possibles et envisageables: il faut être clair sur ce point, pour la très grande majorité de ces ambitieux ce n'est pas en jouant leur carte personnelle dès à présent qu'ils pourront faire carrière ni qu'ils aideront le MoDem, sauf à nouveau à essayer de composer avec l'UMP ou le PS, ce qui n'est pas critiquable en soi, mais qui va à l'encontre de ce que veut être ce nouveau mouvement politique.

2) Savoir tirer profit des adhérents

Le MoDem a très peu d'élus comparativement au nombre de ses adhérents. Si l'on ne peut que regretter qu'il y ait peu d'élus, en attendant des jours meilleurs, il me semble que le MoDem doit se mettre en situation de profiter des idées, du dynamisme et des compétences de ses adhérents. Pour parler franchement, l'expression "démocratie interne" me fait peur, car d'une part dans un souci d'efficacité tout parti politique se doit d'avoir un chef, et d'autre part je ne peux que me rappeler qu'une poignée d'adhérents, officiellement au nom de cette démocratie interne, a voulu tout démolir ces derniers temps... Une démocratie interne trop "décomplexée" pour reprendre un mot à la mode serait sûrement la source de divisions et de courants qui n'existent pas aujourd'hui au sein du MoDem, alors que c'est précisément ce qui en fait la force. Ceux qui en sont encore à critiquer des statuts qui ont été votés en novembre 2007, n'ont qu'à aller voir ailleurs. Comme je l'ai déjà écrit, le MoDem n'est pas une condamnation à perpétuité... En ce sens, je pense que le principe organisationnel actuel du mouvement est le bon, basé sur une structure pyramidale laissant un très fort contrôle au Bureau Exécutif (ce qui permet par ailleurs de contrôler les tentatives de manoeuvres internes à haut niveau, ... initiées par l'UMP?!)

En plus de cette hiérarchisation purement verticale, une composante horizontale a vu le jour, via les commissions thématiques initiées par C. Lepage. C'est cet axe me semble t-il qu'il faut aujourd'hui développer. Pas seulement parce que les adhérents MoDem sont géniaux et qu'ils seront capables de pondre le projet de société du siècle... Mais simplement, parce que d'une part on est généralement plus intelligent à plusieurs que tout seul, et d'autre part parce qu'il s'agit d'un facteur d'adhésion et de cohésion au sein du mouvement. Une règle stricte est néanmoins à respecter: il faudra des arbitrages entre différents projets, ces arbitrages doivent relever du Bureau Exécutif et de F. Bayrou en personne (et non pas d'une quelconque forme de démocratie directe, ou alors seulement à titre consultatif), il faut en conséquence bien avoir conscience que toute idée proposée ne sera pas forcément retenue, et il faut être prêt à l'accepter...

3) Proposer plutôt que critiquer

La critique du gouvernement Sarkozy est facile, d'autant plus facile que notre Président de la République semble avoir une nouvelle idée chaque jour, et que ses idées ne sont pas toujours géniales, loin de là. La critique peut aussi donner l'impression à court terme qu'on existe, mais à long terme je crois que la seule critique ne tient pas la route. En ce sens, je suis persuadé que le MoDem doit résister à la tentation de la critique facile (même si j'en exclus des cas tels que l'affaire Tapie qui deviendra peut-être un jour un scandale d'Etat). Il doit savoir approuver les bonnes initiatives du gouvernement (telle que le maintien des troupes françaises en Afghanistan, n'en déplaise à certains qui considèrent, parfois dans une bêtise teintée de surréalisme que "la guerre c'est pas beau"). Proposer plutôt que critiquer, c'est ainsi que le MoDem pourra mettre en avant un projet de société novateur et humaniste. Au passage, cela permettra peut-être enfin de ne plus avoir à répondre à la question manichéenne: "mais au fait, le MoDem, c'est la droite ou c'est la gauche?"

4) Adopter un comportement digne et responsable

Ceci est valable pour tout le monde, et a trois significations selon moi:

- accepter l'opinion de la majorité ou du Bureau Exécutif (et de F. Bayrou en particulier) lorsque celui-ci est compétent en la matière. L'adhérent de base, l'élu de base ne doivent pas croire qu'ils peuvent avoir raison envers et contre tous. Il y a la porte de sortie pour ceux qui ne sont pas satisfaits, mais s'il vous plait dans la dignité, c'est à dire sans chercher à tout casser. Il faut en effet conserver un minimum de respect envers les personnes qui restent fidèles au mouvement, c'est la moindre des corrections me semble t-il.

- dire la vérité. Je crois que ce point est très important, car il me semble que nos concitoyens en ont plus que ras-le-bol d'être pris pour des abrutis. J. Peyrelevade a parfaitement démontré dans son dernier ouvrage, que j'ai lu et analysé, que c'est l'hypocrisie, la volonté de satisfaire à des préoccupations électoralistes de court terme, qui ont placé la France dans la situation économique dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Mais le même J. Peyrelevade indique dans le même livre, probablement parce que ça l'arrange au regard des orientations économiques (tout à fait pertinentes de mon point de vue d'ailleurs) qu'il propose, que le pouvoir d'achat des Français a augmenté de plus de 3% en un an... Il ne faut pas nous prendre pour des veaux. Outre le titre provocateur du livre, cette seule affirmation fait tâche dans un ouvrage qui aurait dû être une véritable référence en matière de macro-économie.

- qui dit respect de la part de l'adhérent dit aussi respect vis-à-vis de l'adhérent. F. Bayrou n'est pas un nouveau messie, et faute d'avoir des élus en nombre, il faut pour le moment qu'il compose avec ses militants et ceux qui se sont investis pour lui. La moindre des politesses lorsque quelqu'un vous a aidé, c'est de savoir lui dire merci. J'ai recueilli de nombreux témoignages de gens qui se plaignent de s'être mouillés (notamment financièrement) dans des aventures électorales pour le MoDem, et de ne jamais avoir reçu le moindre remerciement de la part de F. Bayrou. M.E.R.C.I, pourtant ce n'est pas le mot le plus difficile de la langue française... C'est simplement celui qu'on attend quand on s'est investi pour une cause que l'on juge bonne. Faute de ce remerciement, en général on ne s'investit plus...


Voilà pour ces quelques règles, qui ne relèvent je crois que du bon sens et d'une certaine forme de correction, mais que personnellement j'aimerais bien voir définitivement mises en place au Mouvement Démocrate.

Publié dans Mouvement Démocrate

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L
a propos des élections internes il se peut que les militants aient compris que le parti fonctionnerait sur deux instances :les fédérations et le bureau national.De la peut être les rapports de force dans les fédérations.C'est en fait le shéma de fonctionnement de l'ump et du ps sans les courants et les écuries.Le reste des structures n'est pas négligeable pour autant mais constitue des enjeux politiques moindres.
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F
Excellente note. Oui je suis d'accord, la réussite de Bayrou en 2012 se fera grâce aux militants ou ne se fera pas. C'est dès maintenant qu'il faut se mettre au travail et ce une fois ces maudites élections internes qui prennent pas mal de temps de mobilisent de l'énergie.<br /> Alors ensuite il faut réfléchir sur le projet dans les différentes sections locales et aussi travailler sur le terrain.
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F
Je signe ! (même si je ne suis pas à 100% d'accord, c'est pas loin).
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