Arrêtons ces clivages

Publié le par JF le démocrate

Autant le dire haut et fort, l'état de la société actuelle en France m'inquiète. J'y ressens, non pas seulement dans mon quotidien, mais aussi lorsque je traîne sur la toile des clivages qui sont éloignés - parfois à l'infini - de la nécessité d'union nationale prônée notamment par F. Bayrou en temps de crise. Or, seule une véritable union nationale pourra nous permettre de sortir de la crise dans laquelle nous sommes plongés. Et cela, chacun le sait très bien. A contrario, il est clair que la désunion, que beaucoup quand même semblent vouloir, ne sera que source de turpitudes voire en cas de dérapages d'horreurs dans notre pays. 

 

Je croyais naïvement qu'avec l'avènement de F. Hollande, les clivages engendrés par la gouvernance Sarkozy disparaîtraient. Je me suis trompé. Notre société n'est pas moins clivée qu'il y a quelques mois, bien au contraire elle l'est plus encore, même si F. Hollande n'a pas une personnalité clivante.

 

Il y avait jadis un clivage très malsain entretenu par l'UMP vis-à-vis de ceux qui ont un emploi et de ceux qui n'en n'ont pas. "Les travailleurs" d'un côté, les "assistés" de l'autre. Ce clivage perdure hélas, malgré un chômage toujours en hausse, car ce clivage est continuellement alimenté par l'UMP, contre toute responsabilité, contre toute envie visiblement de pacifier socialement notre pays, ce qui est totalement irresponsable.

 

Il y a aujourd'hui en réaction, par un effet de balancier, un clivage qui se crée vis-à-vis des patrons français, ou plus généralement vis-à-vis de ceux qui gagnent de l'argent. Quand il s'agit de tennismen ou de footballeurs, on peut dire qu'on s'en fout un peu quelque part, mais quand il s'agit de chefs d'entreprises qui contribuent - à leur niveau - à tenter de faire fonctionner notre économie, c'est infiniment plus dangereux...

 

Ne croyez pas pour autant que je vais me ranger du côté des grands patrons. Je ne me rangerai d'aucun côté, car l'union nationale ça ne se construit pas en se rangeant du côté d'un tel ou d'un autre.

 

N. Sarkozy n'a pas fait que des choses mauvaises... Il avait en particulier considéré durant son quinquennat que les bénéfices d'une entreprise devaient être partagées à 1/3 entre l'investissement, à 1/3 entre les actionnaires et à 1/3 entre les salariés. Cette mesure n'a évidemment jamais vu le jour, car inapplicable dans la pratique. Mais je retiens l'idée de fond qui la sous-tend: effectivement, si en simplifiant on devait considérer quel est l'apport aux bénéfices d'une entreprise, on pourrait dire qu'il est dû à 1/3 à sa capacité à investir, à 1/3 à ses actionnaires qui lui ont fait confiance, et à 1/3 au travail de ses salariés. Cette règle de base - très générale - ne me paraît pas mauvaise dans le cadre d'un modèle "simpliste" de ce qu'est une entreprise.

 

Selon le rapport Sartorius, PSA a part exemple négligé cette règle: trop de dividendes versés aux actionnaires, pas assez d'investissement pour l'export. Encore que pour investir, il faut d'abord avoir une vision stratégique claire... Ces erreurs vont se manifester par ce que l'on sait, à savoir un drame social à Aulnay-sous-Bois. Une source de clivage qu'il sera difficile d'éviter, sauf si ceux qui se sont trompés assument leur responsabilité, à hauteur de leurs erreurs...

 

Un autre cas bien particulier en matière de clivage vient de défrayer la chronique: il s'agit de B. Arnault. B. Arnault est la 4ème fortune mondiale et le créateur d'un empire de l'industrie du luxe à la française. Ne croyez-pas que je vais cracher sur B. Arnault comme a pu le faire le journal Libération: "casse-toi riche con" en allusion à la phrase désormais entrée dans l'histoire de N. Sarkozy, à défaut d'entrer dans l'Histoire tout court: "casse-toi pov' con". L'une et l'autre de ces phrases sont justes inadmissibles.

 

En revanche, je ne vais pas non plus épargner B. Arnault parce qu'on a cotoyé, en des temps différents, le même lycée (Faidherbe à Lille).

 

B. Arnault est un entrepeneur Français, jusqu'à preuve du contraire, qui a réussi une carrière d'industriel à la hussarde (ce qui signifie dans le monde des affaires être sans foi ni loi), en étant de plus aidé par le gouvernement Fabius en 1984 lorsqu'il a récupéré l'entreprise Boussac. B. Arnault a su profiter des forces de l'Etat Français, durant ses études, en faisant des classes préparatoires au lycée Faidherbe - qui est un lycée public -, puis en étudiant à l'Ecole Polytechnique. Ensuite, il a bénéficié du savoir-faire Français dans l'industrie du luxe (Dior ça vient de Boussac notamment), incontournable mondialement aujourd'hui. Comme vous le voyez, il a été plutôt bien soigné par notre pays B. Arnault...

 

Beaucoup se sont exprimés un peu vite sur la volonté de B. Arnault d'obtenir la double nationalité franco-belge. Tel F. Fillon, imputant à l'impôt sur le revenu de 75% au-delà de 1 million d'euros, la volonté de départ de B. Arnault.

 

Je croyais Fillon intelligent et mesuré, eh bien là il s'est planté gravement... Selon le maire de Uccle, c'est en effet depuis fin 2011 que B. Arnault cherche à s'installer en Belgique, c'est à dire bien avant que ne soit même imaginée cette taxation (reconnaissons-la excessive) à 75% des revenus supérieurs à 1 million d'euros. Et tous ceux qui se sont exprimés dans la lancée de F. Fillon, se sont également plantés... C'est triste à voir, c'est clivant au possible, ... c'est nul tout simplement! Front de Gauche, certains du PS, certains de l'UMP, FN, je les mets tous dans le même panier. Ils se sont tous plantés - plus ou moins disons - et ont tous participé à cliver un peu plus notre pays par ce qu'ils ont déclaré de plus excessif. Quel manque de responsabilité!

 

Pour autant, je ne vais pas faire de B. Arnault un saint. Il y a un énorme problème en Europe (géographique), puisqu'il n'y a aucune harmonisation fiscale. Sans compter qu'il y reste même des territoires un peu hors du temps tels que la Suisse ou Monaco, qui sont plus des coffres-forts pour attirer des milliardaires que de vrais pays. Quand Monaco ne fait pas payer d'impôts, parce qu'elle vit des casinos, quand la Suisse est le coffre-fort de l'Europe voire du monde, il est sûr qu'un pays comme la France, qui a par exemple une armée (la France, ce n'est pas comme la Suisse, ce n'est pas un pays éternellement neutre...) et plus largement des frais administratifs lourds (les universités à Monaco, je demande à voir...), ne pourra jamais rivaliser en termes de dumping fiscal. Ce qui est le cas de tout pays qui possède une réelle autonomie...

 

Alors, passer par la Belgique pour ensuite obtenir la nationalité monégasque, ce peut être facile pour un milliardaire. Et hop, plus d'impôts! Des sportifs l'ont bien compris, ce qui est juste inadmissible... Obtenir la nationalité belge pour transmettre un patrimoine par donations, qui ne sont taxées qu'à 3% là-bas, alors que sous le gouvernement Sarkozy la taxation est passée de 20 à 45%, c'est aussi faire le choix de la Belgique par simple intérêt financier.

 

Des financiers comme B. Arnault feront toujours des choix financiers. Quand on laisse à un financier des possibilités telles qu'elles existent aujourd'hui pour optimiser fiscalement ses impôts, il ne faut pas s'étonner qu'elles soient toutes explorées. D'ailleurs, je pense que B. Arnault, avec sa grande intelligence, n'a encore rien décidé. Il se positionne et c'est tout.

 

En revanche, pas la peine que B. Arnault, ami proche de N. Sarkozy essaye de nous faire croire que c'est la tranche à 75% (qui ne devrait durer que 2 ans) qui le fait fuir. Ca, c'est nul! C'est clairement nous prendre pour des imbéciles, en agitant un prétexte a postériori pour des opérations qui ont été lancées fin 2011. Le tempo entre demande de nationalité et taxation à 75% est étonnant, ... pour une opération initiée fin 2011. A croire que B. Arnault, à la manière de N. Sarkozy, est lui aussi prêt à en mettre une couche pour qu'aucune union nationale ne puisse être faite dans notre pays. C'est dommage et ce n'est surtout ni dans son rôle, ni dans son intérêt.

Publié dans Paysage politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
<br /> Une dissertation de français qui vous fait ramer ou des exos de maths qui vous brouillent les<br /> méninges ? Des parents ou des ami(e)s trop occupés pour vous aider ? Et si vous trouviez le<br /> bon interlocuteur sur Internet. Ce n’est pas les sites de soutien scolaire en ligne<br /> qui manquent<br /> en effet sur la Toile. Mais encore faut-il trouver le bon. Plateforme de soutien<br /> scolaire en ligne<br /> pluridisciplinaire orienté corrigés de devoirs, http://www.cyberexo.com est peut-être le site qu’il<br /> vous faut. Son équipe pédagogique composée d’enseignants de l’Education nationale traite<br /> et produit des corrigés de devoirs clairs et personnalisés dans toutes les<br /> matières, français<br /> et maths y compris. Il faut seulement savoir que le site est payant et se destine aux élèves<br /> de la 6è aux Terminales.<br /> <br />
Répondre