Que ferais-je s'il ne me restait que quelques semaines à vivre?
Voilà le sympathique "tag" que m'a transmis Mirabelle, dans une ambiance disons... "printannière et optimiste" en cet automne.
La question n'est cependant pas triviale, loin de là.
Que ferais-je s'il ne me restait que quelques semaines à vivre? Très sincèrement, je n'en sais rien, car bien sûr je ne me suis jusqu'à présent jamais trouvé dans cette situation. Peut-être, sans doute même, viendra t-elle un jour, à moins d'une mort subite et brutale.
Ce que je sais ou du moins ce que je crois savoir, c'est que je n'ai pas peur de la mort. Il n'y a pas de vie sans mort et personnellement le fait de vieillir - et de s'en rendre compte - me paraît infiniment plus anxiogène que la simple idée de la mort. Une mort à laquelle nous aurons tous droit, devant laquelle nous sommes tous égaux.
Il me semble que l'idée de la mort est souvent bien plus difficile à accepter pour les proches que pour la personne visée par la grande faucheuse. Il s'agit là d'une terrible incohérence, humainement certes bien compréhensible, mais ce que je sais c'est que si j'étais à l'heure de la mort je ne supporterais pas les "larmoiements" de mes proches. Je réclamerais une exclusivité dans la douleur. Pourquoi un futur mort devrait-il réconforter un vivant?
Il m'est arrivé une fois dans ma vie de croire que j'allais mourir de façon imminente. Pas lors de ce que les psys appellent une grande crise d'angoisse, mais dans le réel. Deux ou trois secondes avant de heurter sur l'autoroute à 130-140 km/h un muret en béton. J'avais eu au préalable une grande satisfaction, celle - après avoir totalement perdu le contrôle de mon véhicule -, d'avoir réussi à éviter toutes les autres voitures et donc de de ne pas avoir provoqué de carambolage, qui pour le coup aurait probablement été mortel, sur une autoroute fortement fréquentée. Mais ces évitements à répétition m'ont conduit dans une situation critique: un muret en béton qui s'approche à 130 km/h et plus rien à faire pour l'éviter... sauf à revenir dans le trafic et pour le coup provoquer un vrai carambolage. J'ai préféré le muret. Pourtant, je ne suis pas un héros.
A quoi ai-je pensé avant de heurter ce muret? A rien. Ai-je vu ma vie défiler? Niet. Mais le miracle fut quand même au rendez-vous: choc violent (des mots qui sont sans doute insuffisants pour décrire la réalité de la violence du choc, un claquement brutal suivi d'une très forte décélération au point que j'ai failli perdre connaissance), une voiture qui se prend ensuite pour un avion, qui retombe sur le toit, puis qui "roule" sur le toit, avant de finir par s'immobiliser 200 mètres plus loin. Une voiture bonne pour la casse, mais une chance extraordinaire pour moi: quelques égratignures sans plus, ... et n'avoir blessé voire tué personne surtout...
Si je me trouvais victime d'un mal incurable, que je n'avais plus que quelques semaines à vivre, en tout premier lieu je voudrais le savoir. Ca, c'est sûr. A chacun sa philosophie devant la vie et la mort, la mienne est celle-ci. Il est clair aussi que j'aurais ce que certains pourraient qualifier de "repli égoïste", dans le sens où je ne supporterais pas les larmoiements de mon entourage, ce que j'ai déjà écrit. C'est sûr aussi.
Mais pour le reste? Attendons-donc d'être dans cette situation pour voir... De toute façon elle viendra tôt ou tard. "Il vaut mieux brûler que rouiller" a dit un jour l'ex-chanteur du groupe Nirvana, disparu prématurément. Essaierai-je de "briller" avant de succomber? Je n'en sais rien. Ca dépendra probablement de mon état physique, de ma volonté aussi...
En aucun cas je ne souhaiterai finir coûte que coûte de façon "naturelle" si celle-ci est celle de la souffrance et de l'agonie. Je préférerai en finir avant, et je sais que malgré les interdits moraux et législatifs, il y aura - fort heureusement - quand même des gens pour m'aider à cela.
Voilà Mirabelle, merci pour ce merveilleux tag, ... apte au moins à nous faire goûter la vie!