Nicolas Sarkozy ou l'art de "couper des têtes"?

Publié le par JF le démocrate

La récente affaire de l'envahissement de la pelouse de la propriété de C. Clavier par des manifestants nationalistes corses, suivie du limogeage du coordinateur de la police corse, Dominique Rossi, n'en finit pas de faire des vagues. Une fois n'est pas coutume, plutôt que vers des articles de médias écrits traditionnels, je renvoie mes lecteurs vers un article de ... Gala! Car oui, même la presse "pipole" s'est étonnée d'un tel limogeage, pour ce qui n'était sur le fond rien de plus qu'une manifestation pacifiste.

Suite à cette affaire, François Bayrou a dénoncé "le fait du Prince", et je suis particulièrement surpris de la forme de la réponse que lui a adressée ce jour même Patrick Devedjian, secrétaire général de l'UMP (source: article du Nouvel Observateur).

Patrick Devedjian affirme en effet que: "protéger les citoyens quels qu'ils soient" était "le devoir du prince".
"Aucun citoyen ne peut se satisfaire de l'insuffisance de protection par la police" et "protéger les citoyens quels qu'ils soient à mon avis est le devoir du prince". "Les Français sont égaux devant la loi, le premier devoir de l'Etat c'est de protéger les personnes et les biens". "Christian Clavier comme tout le monde a le droit à la protection, et la police aurait certainement dû prendre les moyens d'y faire face".

Déjà, je dois dire que je suis assez surpris de lire que Patrick Devedjian, en parlant de notre Président de la République, utilise le mot "Prince". Certes, on conçoit bien que l'objectif de sa réponse est de "tâcler" François Bayrou dans sa critique. Néanmoins, ce type de propos, émis par l'un des plus hauts responsables de l'UMP, peut laisser pantois. Ainsi, Nicolas Sarkozy, serait donc véritablement un "Prince", ce qui vient corroborer les propos tenus en début d'année par un Laurent Joffrin, qui rappelons-le avait qualifié le régime sous lequel nous vivons depuis mai 2007 de "monarchie élective". Prenons-en acte...

Ensuite, il me semble, mais sans doute est-ce une habitude purement politicienne - celle de noyer les citoyens dans le brouillard -, que Patrick Devedjian ne répond que très vaguement à la question que tout le monde se pose: si C. Clavier n'avait pas été un ami proche de Nicolas Sarkozy, est-ce que Dominique Rossi aurait été limogé?
En effet, des incidents autrement plus graves se sont déroulés en Corse ces dernières années, sans pour autant qu'il n'y ait de limogeage à la clé!

Mais peut-être que cette histoire d'envahissement de pelouse n'a été qu'un prétexte finalement. Comme le fait justement remarquer
Luc Mandret sur son blog, dans un article en date du 2 septembre: "50 manifestants suffisent à faire flèchir l'Etat. De quoi donner de bien bonnes idées aux indépendantistes corses, mais aussi aux manifestants en tout genre : envahissez les villas luxueuses des amis du Président de la République ! Vous aurez un très bon coup de pub, et vous couperez des têtes. Drôle de pays."

Aussi, je dois dire que personnellement je serais assez curieux de connaître les véritables dessous de cette affaire, si toutefois ils sont connus un jour. Car Nicolas Sarkozy, qui ne manque pas de sens politique, n'aurait jamais commis une telle bourde...

Cette histoire me rappelle sur certains points celle de l'accident tragique qui s'est déroulé il y a quelques temps à Carcassonne, lors d'une journée "portes ouvertes" organisée par l'Armée. Le Chef d'Etat-Major de l'Armée de Terre, Bruno Cuche, a visiblement
été poussé à la démission. Pourtant, comment au niveau de responsabilité qui était le sien, Bruno Cuche aurait-il pu avoir connaissance des disfonctionnements de la caserne de Carcassonne? Pourquoi, tant qu'à faire, le Ministre de la Défense, Hervé Morin, n'a t-il lui pas aussi démissionné?

Tout cela me laisse un arrière-goût de "je coupe les têtes quand j'en ai envie, car je suis effectivement le Prince". Alors, Nicolas Sarkozy ou l'art de couper des têtes en fonction des prétextes qui lui sont apportés par l'actualité?!

Publié dans Paysage politique

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