La Justice doit être la même pour tous Monsieur Delanoë...

Publié le par JF le démocrate

Ce n'est pas que j'en veuille à Jacques Chirac. Loin de là, j'ai d'ailleurs voté pour lui en 1995 et en 2002, c'est dire.

 

Mais quand je lis la dernière déclaration de Bertrand Delanoë au sujet des poursuites engagées à l'encontre de notre précédent Président pour des emplois fictifs présumés à la Mairie de Paris entre 1992 et 1995, je suis à la fois amusé, étonné, "abracadabrantesquement" surpris, et même il faut bien l'avouer foncièrement désespéré...

 

Quand je lis une chose telle que "Je suis dans la situation où il ne faut pas confondre Justice et vengeance. [...] ...où alors c'est du règlement de comptes politique et de Justice à la tête du client", je ne peux que me demander: "Mais on est où là?!". Dans un pays où ce sont les politiques qui décident au quotidien de qui doit être poursuivi ou non, et à l'extrême limite de qui est coupable et de qui ne l'est pas (c'est du déjà vu et déjà entendu, hélas), où dans ce que je croyais être la France, à savoir un pays JUSTE?

 

Cher Bertrand Delanoë, moi qui vous prenais jusqu'à présent pour quelqu'un d'infiniment respectable, seriez-vous tombé vous aussi dans la soupe indigeste que nous sert l'UMP? Seriez-vous devenu implicitement le complice d'un egocrate et de sa petite troupe de fidèles, qui aimeraient bien régner (aussi) sur la Justice? Parce que votre comportement le laisse à penser... A moins que tout cela ne vous soit imposé, auquel cas je préfère ne même pas savoir au nom de quoi... Car dire que Jacques Chirac est un homme de 77 ans, qui a été 18 ans Maire de Paris et 12 ans Président de la République me semble constituer un argument un peu court pour absoudre une personne de ses responsabilités, de sa responsabilité dans une affaire qui "sent très mauvais" pour lui.

 

Alors, sans du tout vouloir me placer dans un rôle de procureur, ce que je ne suis pas... tout comme Bertrand Delanoë n'est pas Juge à ce qu'il me semble et n'est pas destiné à rendre Justice tel Louis IX sous un quelconque arbre parisien (ça, c'est du passé, mais lointain...), voici juste quelques éléments de réflexion qui pourraient, qui devraient même, faire réfléchir les inconditionnels supporters du Maire de Paris.

 

1) C'est un fait, Jacques Chirac a 77 ans et on est en droit de se demander pourquoi 15 ans après de possibles infractions on lui demande aujourd'hui de s'expliquer. Mais naturellement, tout le monde connaît la réponse à cette question triviale: Jacques Chirac s'est toujours réfugié derrière son immunité présidentielle et durant ses mandats à la tête de l'Etat, n'a jamais accepté de se rendre à aucune convocation judiciaire... Ce n'est pas Eric Alphen qui démentira.

 

2) Encore un simple fait: Jacques Chirac ne représente plus aucune menace politique pour personne, contrairement à Dominique de Villepin par exemple... Est-il normal dès lors de s'acharner sur de Villepin et d'absoudre Chirac? Faut pas trop prendre nos compatriotes pour des andouilles quand même, hein? Ce qu'on pourrait aujourd'hui qualifier, ce qui sera peut-être d'ailleurs bientôt qualifié "d'affaire Chirac", ressemble bien trop à un simple arrangement politique proprement indigeste entre personnes croyant détenir une espèce de "toute-puissance". Et je trouve personnellement regrettable que Bertrand Delanoë rentre dans ce petit jeu, au lieu de laisser la Justice - la vraie et surtout la seule - suivre son cours. Car il est clair que la Ville de Paris en ne se portant plus partie civile, du fait de la volonté d'un seul homme, influence considérablement un procès qui n'a plus même lieu d'être.

 

3) On nous parle d'indemnisation de la ville de Paris à hauteur de plus d'un million d'euros par l'UMP. Donc pas de problème, malgré cette période de restriction budgétaire, cela ne coûtera pas un centime au contribuable. C'est vrai d'une certaine manière... Mais aurait-on oublié que l'argent destiné au financement des partis politiques est avant tout étatique? Que même les dons de personnes physiques (limités à 7.500 euros par an, je le rappelle à certains riches donnateurs pour qu'ils ne rajoutent pas de zéro superflu sur les enveloppes sur les chèques, ... bien que naturellement je reste persuadé - tout comme vous je crois -, que ceux-ci font cela par pur altruisme voire sous l'emprise d'impulsions philanthropes), sont sujets à une défiscalisation à hauteur de 66%. Bref, même si cet argent a déjà été encaissé, si aujourd'hui c'est "de l'argent UMP", n'oublions pas sa provenance, car majoritairement cet argent provient de nos deniers. De nos impôts, de la TVA que nous payons tous les jours... D'ailleurs, en ces temps troubles, je préfère ne même pas m'imaginer de quelle façon ce manque à gagner pour l'UMP pourra être remplacé...

 

4) N'oublions-pas de rappeler que nous sommes toujours (ben oui, désolé pour les béni-oui-oui UMP...) en pleine affaire Woerth-Bettencourt, et que cette affaire ne nous a peut-être pas encore révélé tous ses secrets. Pourtant déjà, ce qu'elle pourrait laisser entrevoir à des âmes trop sensibles - et sans doute aussi lisant bien trop la presse "fasciste", celle qu'il faudrait envoyer au goulag une bonne fois pour toute, afin que seule la voix douce et appaisante d'un JP. Pernaud puisse nous parvenir aux oreilles - peut faire peur à ceux qui croient encore à la simple notion de République.

 

Res Publica, le peuple roi... Eh dites, il faudra peut-être penser à bien voter la prochaine fois! Ni pour un egocrate qui veut tout maîtriser, ... ni pour un maire au-dessus de tout soupçon, sauf peut-être celui d'avoir conclu un pacte avec l'egocrate suprême... Mais là, je suis vraiment une très mauvaise langue. Que les afficionados de l'UMP et de ses ralliés me pardonnent, surtout ceux qui portent la foi chrétienne en eux...

Publié dans Paysage politique

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J
<br /> <br /> @ Ch. Romain: oui bien sûr, tu as raison. Il y a le volet civil et le volet pénal. Mais comme l'a déclaré à juste titre DCB, il y a "quelque chose de malsain" dans l'accord qu'on nous prépare. Et<br /> si en théorie le volet civil ne doit pas influencer le volet pénal, tu conviendras je pense, que le Parquet étant aux ordres de qui tu sais, on puisse avoir des doutes sur la suite...<br /> Comme tu l'écris fort justement, il y aura scandale si un simple arrangement financier éteint l'aspect pénal du dossier: c'est à dire si probablement le Parquet demande un non lieu. Ca voudra<br /> vraiment dire qu'il y a une Justice pour certains et une radicalement différente pour les autres. Qui vivra verra..., mais je ne me fais pas trop d'illusion sur la Justice - la vraie - dans cette<br /> affaire. Hélas...<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Globalement d'accord avec ce billet, à quelques détails près :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> 1) C'est l'UMP (ex-RPR) qui a bénéficié de ces emplois fictifs ; il est donc normal que ce soit l'UMP qui rembourse les sommes dont il a indûment profité sous forme de prestations payées par la<br /> Mairie de Paris (sans compter les autres emplois fictifs, dont on oublie de parler, financés par le conseil général ou par des entreprises parapubliques...).<br /> <br /> <br /> 2) Tu écris : "Car il est clair que la Ville de Paris en ne se portant plus<br /> partie civile, du fait de la volonté d'un seul homme, influence considérablement un procès qui n'a plus même lieu d'être." Il me semble que c'est inexact, car cette affaire comporte un volet<br /> civil (délit commis au préjudice de la Mairie de Paris) et un volet pénal (prise illégale d'intérêt, faux en écritures publiques ou autres délits prévus par le code pénal et dont il appartient à<br /> la Justice de qualifier les faits). L'un des fondements de notre système judiciaire, c'est de ne pas mélanger civil et pénal : on ne peut pas éviter une sanction pénale en dédommageant sa victime<br /> ! Si le remboursement envisagé éteint l'action en justice, alors, ce sera là le vrai scandale.<br /> <br /> <br /> <br />
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