Affaire Société Générale: quelles conséquences en tirer?

Publié le par JF le démocrate

Dans la lignée de mon billet précédent, on a tous vu comment la Société Générale et au-delà le secteur financier français ont été malmenés par les marchés lors de ce triste mercredi 10 août. Pour mémoire, victime de rumeurs de faillite, notamment propagées par un quotidien anglais, le titre Société Générale, littéralement "tabassé" par la spéculation, a perdu jusqu'à 22,5% de sa valeur lors de la séance de la Bourse de Paris du 10 août dernier.

 

Or, il s'avère aujourd'hui que ces rumeurs sont très probablement fausses, et une enquête a été dilligentée par l'AMF, l'autorité de contrôle de la Bourse de Paris. Une enquête qui probablement ne mènera à rien, comme d'habitude pour tout ce qui concerne les escroqueries financières.

 

Parce que, que ça plaise ou que ça ne plaise pas à certaines personnes sans scrupule, manipuler sciemment des cours de bourse relève de l'escroquerie et devrait être passible de peines de prison. Allez donc expliquer au petit épargnant qui a paniqué, qui a cru à cette rumeur, et qui finalement a vendu ses actions Société Générale en faisant en quelques heures 20% de moins-value, qu'il s'agit là d'un fonctionnement nominal des marchés! Pfff... Cet actionnaire a clairement été lésé, a été victime d'une escroquerie, et personne ne lui remboursera ce qu'il a perdu. Investir en Bourse n'est pas, ou plutôt ne devrait pas être synonyme de jouer au casino, car dans le terme investir, il y a la volonté de placer de l'argent dans l'économie, en attendant un retour sur investissement, certes plus risqué, mais aussi plus important que celui du livret A. Mais de là à perdre plus de 20% en quelques heures, sur fond de fausses rumeurs, il y a un pas qu'il ne faut surtout pas franchir...

 

Si les petits épargnants décident de se tenir à l'écart de la Bourse, il n'y aura plus que les fonds spéculatifs qui y joueront entre eux - comme autour d'une table de poker menteur -, et le futur des marchés dans ce cas est clair: les cours vont être massacrés faute d'acheteurs qui ont en marre de se faire "voler" leur argent.

 

A force de faire les "cons", à force de laisser certains jouer aux "cons", on va tuer la Bourse et par la même occasion on va tuer des entreprises.

 

Mon dernier billet date de lundi, soit bien avant le mini-krach de mercredi. Et j'avais déjà pointé dès lundi le rôle des vendeurs à découvert qui mènent le jeu en tant de crise financière. Je ne suis pas économiste, je ne suis pas financier, mais que voulez-vous, tout cela apparaissait aussi gros qu'une maison de 3 étages... Et si j'ai pu m'apercevoir du danger, il y a au minimum plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines, de milliers de personnes en France qui ont dû également s'en apercevoir... Dont toutes celles qui se parent d'un doctorat es Sciences économiques ou de je ne sais quoi d'autre...

 

Pourtant, il a fallu attendre jeudi soir pour qu'enfin les ventes à découvert soient interdites sur les valeurs financières côtées à Paris. Soit après le krach subi par la Société Générale et surtout au moins un ou deux jours trop tard.

 

Car ce mini-krach, qui une fois encore a fait perdre beaucoup d'argent à des petits investisseurs, et les a sans doute découragés de placer désormais tout argent en Bourse, aurait pu être évité. Mais pour cela, il aurait fallu savoir anticiper plutôt qu'uniquement agir en "mode pompier", une fois le mal fait. Et une fois encore, l'AMF n'a pas été fichue d'anticiper quoique ce soit. Ce qui peut laisser croire que ses membres sont peut-être plus spécialisés dans des activités telles que la plomberie ou la pose de revêtements de sol que dans celles liées à la finance... Ou alors, ils ont la réactivité d'un escargot courant le 100 mètres...

 

Il y a clairement un manque de régulation des marchés aujourd'hui (d'ailleurs on s'en est aperçu dès 2008), et il n'y a pas non plus, me semble t-il, volonté politique commune d'y remédier. Alors, plutôt que de donner seulement dans la critique, voici deux mesures qui me semblent urgentes de mettre en oeuvre dès que possible sur les marchés financiers, français et plus largement européens:

 

1) Lorsqu'il y a crise des états pouvant faire naître une spéculation financière aussi néfaste qu'outrancière (ce qui fut le cas lorsque la note de la dette US a été récemment dégradée), suspendre immédiatement toutes les activités boursières spéculatives relatives au secteur financier: ce qui signifie suspendre toute possiblité de vente à découvert sur ces valeurs, mais aussi suspendre des produits de spéculation plus complexes, en attendant que la situation des états vis-à-vis de la dette soit politiquement stabilisée. Ce sont les marchés qui doivent s'adapter au temps politique, et non pas l'inverse, ... à moins de dire clairement que les politiques ne servent à rien, qu'ils n'ont plus prise sur rien.

 

2) Lorsqu'il y a "rumeur" fondée ou non fondée, non fondée comme ce fut apparemment le cas pour la Société Générale lors de ce triste mercredi 10 août, interrompre immédiatement la cotation du titre dès l'émission de la rumeur, et si nécessaire - s'il y a contagion -, interrompre également toute cotation de quelque autre titre bancaire. Jusqu'à ce que la lumière soit faite sur ces rumeurs. Et s'il y a trop de rumeurs "douteuses" qui envahissent les marchés, pourquoi ne pas envisager de suspendre éventuellement toute cotation de titres tant que ces rumeurs ne sont pas confirmées ou infirmées?

 

Ceci constituerait une première parade à toute tentative d'escroquerie boursière. Question subsidiaire: pourquoi de telles règles élémentaires n'ont-elles jamais été mises en place?!

Publié dans Paysage politique

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