Total doit assumer ses responsabilités

Publié le par JF le démocrate

Ce billet est l'occasion pour moi d'inaugurer une nouvelle rubrique d'articles, ceux qui concerneront la Région Nord-Pas-de-Calais. Une région où je réside aujourd'hui, mais qui n'est pas seulement une région d'adoption (je n'y ai pas joué que de la clarinette), puisque c'est aussi et avant tout celle où je suis né et où j'ai grandi, avant de partir vers d'autres horizons et de finalement y revenir, en espérant d'ailleurs pouvoir y rester durablement. Bref, il s'agit de MA région, celle qui me tient forcément le plus à coeur. Parenthèse refermée.

Le directeur du Marketing de l'activité de raffinage de Total vient d'annoncer que l'activité raffinage du groupe (groupe français je le rappelle) s'avérant déficitaire en France - on annonce des pertes de 100 M€ par mois pour cette activité -, la raffinerie Total des Flandres, située dans la zone industrielle de Dunkerque, fait aujourd'hui l'objet de 4 scénarios possibles, dont un incluant la fermeture de cette raffinerie. Source La Voix du Nord.



On ne peut se plaindre dans l'absolu, au vu des atteintes écologiques liées à l'utilisation de sources d'énergie fossiles, d'une telle décision. A condition toutefois, qu'il ne s'agisse pas d'aller faire la même chose ailleurs, à moindre coût. Je suis en effet personnellement pour qu'on passe politiquement outre certains lobbies de l'industrie de l'énergie, pour la simple préservation de notre planète. Voir un billet précédent.

Mais on ne peut pas dans le même temps mettre comme ça 380 et quelques employés sur la paille, en leur promettant vaguement de les reclasser "ailleurs", ailleurs pouvant s'avérer être un peu n'importe où...

Une multinationale comme Total, qui a je le rappelle engrangé des profits records ces dernières années (dont un authentique record à 13,9 Mds € en 2008), même si elle a réinvesti une grande partie de ces profits, ne peut pas moralement se dire: "voilà, c'est aujourd'hui la crise, c'est aussi la mode écolo, alors tout ce qui n'est pas rentable, je ferme". Ce serait bien trop facile et bien trop comptable comme raisonnement, à une époque où on commence (enfin) à combattre la financiarisation extrême du capitalisme.

Une entreprise de la taille de Total doit avoir non seulement une responsabilité économique, mais aussi une responsabilité sociale devant nous tous, qui sommes à la fois des citoyens - pour certains des employés même - et des consommateurs.

Si le site de raffinage de Dunkerque n'est plus suffisamment rentable, s'il n'a aucun avenir économique dans son activité actuelle, alors il faut le reconvertir en autre chose. Mais en quelque chose qui ne fasse pas perdre d'emploi à une ville déjà hautement sinistrée par le chômage. Et puisque Total sait réinvestir ses profits, c'est à elle - et à elle seule - à assurer ce redéploiement qui doit être local. Il ne s'agit pas de vengeance personnelle vis-à-vis des gros profits quand j'écris ces mots, il s'agit seulement de mettre en pratique la conciliation entre anticipation économique et responsabilité sociale des grands groupes industriels. Peut-être, naïvement, pour leur apprendre à mieux anticiper les modifications de marchés, à les inscrire dans une vision plus économique que comptable, et ne pas simplement constater un jour que... ben on fait des pertes, alors on va fermer. Croyez-moi, les décideurs des grosses entreprises possèdent parfaitement cette vision économique de moyen terme, mais le principe de la vache à lait est tellement tentant parfois...

J'espère personnellement que l'avenir de ce site industriel sera au coeur de la campagne des Régionales 2010 dans le Nord-Pas-de-Calais.

Publié dans Nord Pas-de-Calais

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M
<br /> Tout est là Fabio...Toutes les clefs de résolution...Sociales, écologiques et durables, de plus pas inintéressant pour Total à long terme.<br /> Mieux qu'une taxe carbone...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> @JF,<br /> Les clients...Je n'y crois pas trop, le boycott vs Total n'a pas duré cela tient au manque de choix mais aussi à un défaut de tracabilité.<br /> Il y a moyen via la sous-traitance ou différents achats de faire "disparaitre" le nom de la marque mère.<br /> On ne peut tout de meme pas tout "fliquer"!<br /> Et puis, plus l'on instaure de barrières, plus cela incite...La nature humaine est ainsi faite, braver l'interdit est follement excitant, il en résulte une escalade sans fin dans un sens comme dans<br /> l'autre, excès de lois etc<br /> Exemple: qui sait qu'Aubade n'est plus francaise?<br /> <br /> <br />
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J
<br /> 1) Sur Total de façon générale:<br /> <br /> J'ai trouvé ces chiffres qui valent ce qu'ils valent sur le site zonebourse.com:<br /> <br /> - Les effectifs ont baissé d'environ 15% lors des 5 dernières années.<br /> - Dans le même temps, le bilan a augmenté de plus de 30 milliards d'euros, les fonds propres de 17 milliards d'euros et la trésorerie est passée de 3 milliards à 12 milliards d'euros (on peut<br /> d'ailleurs se demander à quoi bon un tel niveau de trésorerie).<br /> <br /> Au vu de ces chiffres, mais je ne suis pas un spécialiste de l'analyse des bilans, le groupe Total me laisse l'impression d'une formidable machine à accumuler du fric.<br /> <br /> Certes il y a bien une branche de Total qui se consacre à la recherche sur les énergies renouvelables, mais en attendant et sachant que les énergies fossiles sont condamnées à long terme, je<br /> voudrais bien savoir quelle est la stratégie long terme du groupe outre amasser un "trésor de guerre" qui soit le plus gros possible, quitte à se débarrasser de tout ce qui pourrait freiner sa<br /> croissance.<br /> <br /> Alors je suis bien d'accord avec toi Didier quand tu écris que le but premier d'une entreprise est de vendre et de faire du profit (parce que sinon elle ferme très vite ses portes), mais avec Total<br /> on est me semble t-il dans un cas, dans le cas extrême.<br /> <br /> 2) Outre, les employés de la raffinerie Total des Flandres, il y a aussi 400 personnes de sociétés sous-traitantes qui seraient concernées par la fermeture de cette raffinerie. J'ai oublié de le<br /> mentionner dans mon billet.<br /> <br /> 3) Que peut faire le politique? C'est bien le problème puisqu'il s'agit d'une société totalement privée, à l'actionnariat très disparate. Bien sûr on peut faire de belles promesses intenables (N.<br /> Sarkozy à Gandrange), on peut prendre sur soi de mettre en oeuvre tout ce qui est du domaine du possible pour faire du "palliatif". En fait, le politique en est très souvent à simplement proposer<br /> des infrastructures attractives pour que des sociétés viennent s'y installer...<br /> <br /> Peut-être, comme le signale Martine, peut-il exiger au minimum une dépollution et un démantellement du site, au frais de Total. Mais comment parler de politique industrielle quand on n'a aucunement<br /> la main?<br /> <br /> Le politique a toutefois un atout, celui de pouvoir jouer sur les médias.<br /> <br /> 4) Que peuvent faire les actionnaires?<br /> <br /> Tout bien sûr... Mais l'actionnariat de Total est incroyablement morcelé. Les salariés en particulier possèdent 4% des actions du groupe, mais ce au niveau mondial. Joueront-ils la solidarité, s'il<br /> s'agit de compromettre leur futur intéressement au bénéfice?<br /> <br /> 5) Que peuvent faire les salariés de la Raffinerie des Flandres et les syndicats?<br /> <br /> Ils peuvent nuire, ils peuvent foutre la pagaille s'ils veulent se faire entendre. Quitte à atteindre un point critique, à se faire entendre par les médias ... auprès des clients.<br /> <br /> 6) Que peuvent faire les clients?<br /> <br /> Les clients ont tout pouvoir, un pouvoir qui est bien supérieur à celui des actionnaires. Ce sont eux qui dans leur comportement (il ne s'agit pas de boycotter les stations Total en "douce", ça ne<br /> servirait à rien), peuvent influer s'ils n'apprécient pas ce genre de pratique sur l'image de marque et donc sur la rentabilité financière de Total. Et dès lors qu'on touche à la rentabilité<br /> financière, en général les Etats-Majors trouvent très vite une solution de secours...<br /> <br /> Bref, ce sont nous consommateurs qui avons le réel pouvoir en mains. A nous de savoir l'utiliser.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> @Didier,<br /> Ah les joies du GParis :) En arrondissant 400 ames à court terme que valent elles ? A long...?<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Daniel, non, tu ne crois pas me connaître...tu me connais...!<br /> sur la norme ISO, tu as 1000 fois raison (je ne me risquerais pas à contredire un expert...), mais si Total veut fermer la porte pour raison de non compétitivité, il le fera...et personne ne pourra<br /> l'empêcher..même les "politiques" ...!!! <br /> <br /> <br />
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