Pourquoi j'ai choisi de soutenir François Bayrou

Publié le par Democratix

Ma récente adhésion au MoDem et mon soutien à François Bayrou ne sont pas le fruit du hasard, ou l'envie de succomber à la mode de la "Révolution Orange". C'est plutôt la résultante de l'observation de plusieurs années de la vie politique française. Je vais tenter dans ce billet d'expliquer les lignes de force qui m'ont conduit à cet engagement, qui constitue quelque chose de nouveau pour moi.

En premier lieu, je considère que le clivage droite-gauche n'a plus réellement de sens dans le monde dans lequel nous vivons. Autant dans les années 80, voter à droite ou à gauche portait une signification en soi: cela consistait à adhérer au libéralisme économique ou à le rejeter. Le "tout Etat" des années mitterrandiennes en est la parfaite illustration, avec les nationalisations massives opérées suite à l'élection de F. Mitterrand en 1981. Mais nous ne sommes plus dans les années 80. Entre temps, le monde a changé, s'est transformé. Peu importe que l'on considère que ce soit un bien ou un mal - bien souvent suivant qu'on en profite ou qu'on en subit les conséquences -, la mondialisation qui porte en elle le libéralisme économique s'est installée. Que l'on soit électeur de droite ou de gauche, chacun est obligé de composer avec. D'ailleurs, aujourd'hui, seuls les mouvements alter-mondialistes ou d'extrême gauche tentent farouchement de s'y opposer. Je souhaite personnellement que ces mouvements, qui prônent l'humanisme, perdurent. Mais, force est de constater que leur heure n'est pas encore venue, et que dans l'instant leur combat ressemble encore trop à celui de Don Quichotte.

Même le parti socialiste a bien été obligé de changer sa doctrine. Lentement, sa sémantique a évolué: l'opposition libéralisme / socialisme est ainsi aujourd'hui devenue une opposition entre des soi-disants conservateurs et des réformistes. Reconnaissons que si la sémantique initiale avait un sens, les mots employés aujourd'hui ne sont plus que des artifices.

Ce qui est sûr, c'est qu'il y aura toujours en France un pouvoir et une opposition, c'est la règle de fonctionnement de toute bonne démocratie, c'est aussi une loi naturelle dès lors que la liberté d'expression est garantie. Mais une opposition se doit d'être constructive et force de proposition. Quand un projet de loi est présenté devant le Parlement, il doit y avoir débat, c'est un des fondements de nos institutions. Toutefois, opposition ne doit en aucun cas être synonyme d'opposition systématique, à des seules fins de provoquer des blocages institutionnels. Le parti socialiste, par les milliers, voire parfois les dizaines de milliers d'amendements, déposés ces dernières années face à certains projets de loi émis par le gouvernement, m'a fait prendre conscience qu'il était devenu un simple mouvement d'opposition "à tout", incitant à l'utilisation du 49.3, pour mieux dénoncer son utilisation ensuite. Je ne dis pas que certaines oppositions n'étaient pas justifiées, le projet de CPE en est pour moi une illustration flagrante. Mais il ne faut pas, sous prétexte de vouloir s'opposer, dire non à tout. Le Parlement doit devenir un lieu de discussion constructive entre les différentes forces politiques et non pas une arène où tous les coups sont permis, où chacun essaye de crier plus fort que l'autre. Quel piètre spectacle!

Au niveau économique maintenant, si le libéralisme, mondialisation oblige, est une règle incontournable aujourd'hui, il faut toutefois que le modèle social français soit préservé. La tentation de l'ultra-libéralisme à l'Américaine ne me séduit pas, car tout le monde ne possède pas les capacités d'adaptation requises pour s'en accomoder. Hors, selon ma conception, personne ne doit être laissé au bord de la route.

Par ailleurs, le pouvoir politique doit être décorrellé de tout intérêt financier ou industriel. Qu'un Président de la République ait parmi ses amis des industriels de premier plan, dont certains ont de surcroît un contrôle sur les médias du pays, qu'il s'agisse de médias télévisés ou de presse écrite, constitue à mon sens un grave danger pour la démocratie. Quand l'indépendance des médias n'est plus assurée, toutes les dérives sont envisageables. En cela, N. Sarkozy m'inquiète. Tout comme m'inquiète son incarnation de cette nouvelle droite décomplexée, immédiatement mise en évidence dès son élection en s'affichant durant quelques jours sur le yacht d'un industriel. Tout le monde doit bien en être conscient, en affaires, il n'y a jamais de cadeau sans contrepartie.

Outre le fait qu'il me semble incarner les valeurs que je prône, à savoir un pragmatisme teinté d'humanisme, François Bayrou a dénoncé durant sa campagne de premier tour des élections présidentielles cet amalgame des genres entre politique, finance et médias. Certaines mauvaises langues ont même dit que c'était là son principal thème de campagne. De même, ceux qui avant le premier tour des présidentielles considéraient que le mélange droite-gauche était absolument à proscrire au nom de la démocratie, prônent aujourd'hui l'ouverture - une des idées novatrices de François Bayrou -, en provoquant le ralliement de personnalités politiques venant de l'opposition. Quelle hypocrisie!


Pour toutes ces raisons, je considère que le MoDem est le mouvement politique d'avenir en France, celui qui sera à même de garantir des valeurs sociales auxquelles j'attache beaucoup d'importance tout en restant en phase avec la réalité du monde qui nous entoure. C'est aussi celui qui me semble le plus à même, car non teinté d'idéologie préconçue, de s'adapter aux changements de notre société, tout en garantissant durablement la démocratie dans notre pays. Ce n'est d'ailleurs sûrement pas par hasard que ce mouvement neuf et dynamique porte le nom de Mouvement Démocrate.

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F
Pardon de t'inonder de commentaires ce soir. J'adhère parfaitement à ta profession de foi Democratix.<br /> Une petite question hors sujet : ne serais-tu pas un adepte de la philosophie d'Astérix par hasard ?
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