Incorrigibles banquiers
Hier, Jacques Attali écrivait une tribune très offensive contre les banquiers sur le site Slate.fr. Il y dénonçait notamment l'impuissance du G20 à avoir su corriger un système défaillant, faute de la mise en place de réelles réglementations. Il y dénonçait surtout aux Etats-Unis un système pervers de lobbying et de vases communiquants entre politiques en charge des finances publiques et banques, empêchant toute prise de décisions majeures pouvant réglementer le système financier.
Aujourd'hui, on apprend que la plus grande banque d'investissement (banque d'affaires, quelle distinction dans la pratique?) mondiale, Goldman Sachs, aurait incité ses salariés à dépenser leur argent "avec discrétion", après avec indiqué qu'au premier semestre 2009 elle avait provisionné un montant de 11,4 milliards de dollars pour la rémunération de ses dirigeants.
En ces temps de crise économique, on croit être tombé sur la tête quand on lit ça...
Solution préconisée par Jacques Attali: une déconnection totale entre responsables politiques en charge des finances et les banques, afin d'éviter tout conflit d'intérêt. Est-ce vraiment réalisable dans la pratique?
Jacques Attali parle pour le cas des Etats-Unis uniquement, sans doute par pudeur excessive. Car en France, n'avons-nous pas quelque part le même problème? Certes, le métier d'avocat d'affaires est différent de celui de banquier. Mais pour autant, n'y aurait-il pas des connexions fortes entre les deux?! Je n'ai pas envie de jouer sur de la sémantique, sur des distinctions que certains spécialistes n'hésiteraient pas à faire valoir. Simplement, dans la pratique, ne travaillent-ils pas ensemble pour le meilleur et pour le pire?
Or, qui connaissons-nous comme personnages au pouvoir en France, qui ont été - et qui pour certains le redeviendront - étroitement liés à ce qu'on peut appeler vulgairement le corporatisme "financier et affairiste" en France?
- Christine Lagarde, ex-présidente de Baker & McKenzie,
- Jean-Louis Borloo, ex-avocat d'affaires d'un certain Bernard Tapie, et qui fut à une certaine époque considéré comme l'un des avocats d'affaires les mieux rétribués au monde,
- Jean-François Copé, un ex-banquier de chez Dexia, aujourd'hui également avocat d'affaires,
- Eric Woerth, un ex-dirigeant de feu le cabinet d'audit financier Arthur Andersen, démantelé en 2002 suite au scandale Enron.
J'en oublie très certainement. Mais sans être aucunement un spécialiste en la matière, je doute d'avancées réelles dans notre pays - et dans le monde -, tant que ce petit monde "affairiste" sera aux commandes de tout. Halte aux corporatismes, et en particulier à celui-ci.