Bayrou, seule vraie alternative à Sarkozy?
Il y a encore très peu, je considérais que DSK était la vraie alternative à N. Sarkozy pour 2012. Et je n'étais d'ailleurs pas le seul, puisque d'après les sondages, DSK faisait un véritable "carton". Ses compétences économiques unanimement reconnues, son charisme, sa potentielle capacité à gouverner avec discernement un état faisaient de lui un authentique espoir pour 2012. Quelque part plus centriste que de gauche (bien que je n'oublie pas qu'il ait été à l'origine des 35 heures), DSK semblait être pour moi le candidat non pas parfait, mais celui qui avait toutes compétences pour reprendre en main notre pays miné par déjà plus de 4 ans de Sarkozysme, un Sarkozysme qui se nourrit de clivages artificiellement entretenus, de favoritisme pour ses amis (fortunés de préférence), d'hyper-réactivité souvent mal placée à défaut d'avoir une vision autre que celle relevant de la pure tactique politicienne, de maladresses en matière de politique étrangère.
Seulement voilà, DSK est "out". Enferré dans une très très sale affaire et si sa culpabilité venait à être prouvée, il faudrait juste considérer que ce type est un authentique "salopard". Probablement couvert par une espèce d'élite à la française, sans foi ni loi, une élite qui se croit au-dessus de tout.
L'arrestation de DSK fut pour moi comme un électro-choc. Les paroles de sympathie à son égard, sans aucune compassion pour la présumée victime, m'ont littéralement révulsé. Les Jack Lang ("Il n'y a pas mort d'homme"), les JF. Kahn ("trousser la bonne"), les J. Daniel ou B. Henry-Lévy, tous ces pseudo-intellos à deux balles m'ont littéralement écoeuré ces derniers jours. Je ne sais plus qui a dit ça (je crois que c'est L. Joffrin lors d'un débat avec R. Badinter), mais il paraît qu'un ami c'est quelqu'un que vous allez aider à une heure du matin pour enterrer un cadavre... Un bon résumé je crois dans le monde dans lequel nous vivons. Car si je savais qu'un père ou une mère était capable de tout pour protéger son enfant (ce qui est compréhensible), je ne savais pas en revanche que l'amitié consistait à couvrir des crimes.
S'il s'avère que la culpabilité de DSK est prouvée, ou plus simplement si notre intime conviction nous le fait penser - et nous en saurons normalement beaucoup plus très rapidement -, alors la réputation "d'homme qui aime les femmes", en position de gagner et de distribuer des strapontins à tout son petit entourage, va très vite tomber. Et on ne retiendra que l'image du "salopard", qu'on a suivi voire protégé pour obtenir ou ré-obtenir un jour un poste ministériel.
Dans cette hypothèse, ce n'est pas seulement DSK qui tombera, ce sont aussi tous ceux qui "savaient", comme parfois ils sont fiers de le dire aujourd'hui. Tous ceux qui "savaient", qui ont "défendu" ou qui pour le moins ont toujours fermé leur clapet. Par trouille ou par carriérisme sordide. Bien sûr, il n'est pas question d'incriminer les petits,"ceux qui avaient eu vent de...", car on ne peut pas accuser sans preuves, surtout quand on est tout petit.
En particulier, si DSK tombe, c'est l'ensemble des éléphants du PS qui tombera... Plus quelques médias, bien trop proches des puissants, malgré tous les avertissements qui ont pu leur être donnés depuis plusieurs années. Car on ne couvre pas des crimes. De Gaulle doit se retourner dans sa tombe... J. Edern Hallier, qu'on disait fou (j'y ai cru) doit également se retourner dans sa tombe... Lui qui n'a jamais trouvé aucun éditeur pour publier le manuscrit qu'il avait écrit sur la vie cachée de Mitterrand. Et pourtant, la double-vie de Mitterrand ne constituait aucunement un crime.
Alors hypothèse d'école: si l'ensemble du PS tombe suite à l'affaire DSK, qui reste t-il en face de Sarkozy?
- Borloo? Non, il veut juste devenir Premier Ministre,
- M. Le Pen? Oui bien évidemment, mais au deuxième tour face à Sarkozy, elle fera au mieux 25 à 30%,
- E. Joly ou N. Hulot? Pas de taille, ni l'un, ni l'autre. Aucun des deux ne fera le poids ni face à Sarkozy,ni face à M. Le Pen,
- Mélenchon? Il a été 30 ans au PS...
Sauf à renouveler en urgence la quasi-totalité de la classe politique dite de "gauche", il n'y aurait plus personne face à Sarkozy.
Si, il pourrait y avoir Bayrou, sans doute le pire opposant de Sarkozy en cas de deuxième tour. Il ne reste plus qu'à voir son programme pour 2012, qui je n'en doute pas sera équilibré et mesuré, tout comme peut sembler l'être l'homme. Celui-là, on n'arrive pas à lui trouver des casseroles. Ca doit sûrement en navrer beaucoup, mais à part débaucher ses lieutenants en 2007, il semblerait qu'on n'a rien trouvé pour lui nuire et que l'homme ne se nuit pas à lui-même. Bayrou n'est-il pas aujourd'hui devenu la seule alternative crédible à Sarkozy? Si vous me dites que non, ça risque de signifier qu'il n'y aura pas d'élection présidentielle en 2012, mais juste un simulacre d'élection.