Pour un million d'euros t'as plus rien!

Publié le par JF le démocrate

Moi ce qui m'épate franchement dans cette campagne électorale, c'est la levée de bouclier lorsque Hollande a annoncé qu'il allait imposer la tranche de revenus supérieure à un million d'euros annuel à 75%. Soit un taux, reconnaissons-le quasiment confiscatoire.

 

Ce qui m'étonne le plus dans cette affaire, c'est la mentalité d'une grande partie de nos concitoyens. Pour beaucoup, pour même de plus en plus hélas, ils n'ont pas un sou ou quasiment pas. Le salaire médian en France était de 1653 euros nets en 2011, ce qui fait un peu moins de 20.000 euros nets par an et ce qui est aussi à peu près de l'ordre du salaire imposable. C'est à dire que ce salaire médian représente seulement un cinquantième de la fameuse limite confiscatoire.

 

Le salaire médian, je vous le rappelle, ce n'est pas le salaire moyen, c'est le salaire qui partage la population active française en deux parts exactement égales. La moitié gagne moins, la moitié gagne plus.

 

Bref, 50% de la population active française ne gagne quasiment rien (au maximum le SMIC + 54 % pour les plus "aisés" de cette tranche) et je ne parle même pas des retraités. Parce que pour beaucoup ils sont carrément hors concours... avec leur minimum vieillesse à quoi, même pas 800 euros par mois?

 

Et pourtant, le fric à outrance, parce qu'excusez-moi mais un million d'euros de revenu imposable par an, c'est déjà une outrance, fait toujours autant rêver si ce n'est bien plus qu'avant. Ce fric, c'est simple il fait rêver au point de devenir totalement fou.

 

Où est le temps où un brillant industriel tel que Henry Ford (même s'il n'a pas été brillant dans tous les domaines, et notamment parfois dans celui de ses idées antisémites) considérait que dans une grande entreprise, le rapport salarial entre le plus haut salaire et le plus bas devait être de 40 maximum. Si on applique cette doctrine, qui quelque part est purement de bon sens, le un million d'euros annuel n'est même pas atteint aujourd'hui.

 

Je suis personnellement particulièrement consterné quand je vois que même un type qui se bat - à juste raison - contre la dictature de l'argent-roi, tel que F. Bayrou, s'affiche contre cette mesure symbolique.

 

Comment peut-on se battre contre "l'argent-roi" et en même temps nous dire, que s'il y a des Bill Gates en France, ils vont être découragés et ils vont partir à l'étranger. Argument repris par N. Sarkozy me semble t-il.

 

Ben voyons... Il est bien évident que Bill Gates quand il avait 20 ans a écrit son premier langage de programmation informatique en se disant "tiens, je vais devenir la première fortune du monde". Je suis même sûr qu'il s'est dit: "je vais rapidement gagner plus de l'équivalent d'un million d'euros annuels (parce qu'un type aussi intelligent a probablement dû anticiper la création de l'Euro, après tout tant qu'on y est...) et jamais je n'irai en France parce que Hollande va m'emmerder...". Trève de bêtises. Bill Gates à 20 ans était un pur génie de l'informatique et pour faire ce qu'il a réussi à faire, on ne peut pas être obsédé par des prévisions financières dans le même temps. Un génie est toujours guidé initialement par son obsession et l'obsession de Bill Gates à 20 ans ça devait être l'informatique et rien d'autre.

 

Mais les temps ont changé. Et vous pouvez prendre beaucoup de jeunes aujourd'hui, notamment dans les banlieues là où l'esprit d'ultra-libéralisme règne par dessus-tout, ils n'ont plus qu'un rêve: le fric, le fric, toujours le fric...Le fric par tous les moyens: trafics (de drogue éventuellement, en commençant comme "guetteur", puis comme dealer avec l'intention de devenir grossiste, puis caïd). C'est la taule en général qui est au bout de ce rêve. Un autre rêve, c'est le rap, ou créer une marque de fringues à la mode, voire les deux en même temps... Combien j'en ai vus, comme vous tous, défiler à la télé avec leur rolex, leurs bagouzes en or, bref tous les signes apparents de richesse bien en évidence. Et le rêve ultime, c'est bien entendu devenir Zidane. Pas forcément donner des coups de boule, soit dans un ballon, soit dans autre chose, mais pour le vedettariat et toujours pour le fric... Pour pouvoir rouler en ferrari à 22 balais...

 

Où est l'esprit entrepeunerial là-dedans?

 

Remarquez qu'il n'y a pas que les jeunes qui rêvent de fric, les plus vieux aussi, en plus on fait tout pour ça. Est-ce un modèle hérité des US? Là-bas, ils sont 3 à s'être partagés au loto national une "super-cagnotte" de 640 millions de dollars.

 

L'ascenceur social est en panne, les revenus ne sont pas à la hauteur, il ne reste plus au peuple qu'à rêver... Rêve malsain qui fait oublier la dure réalité, mais rêve qui fait qu'on peut supporter les bonus de certains traders parce qu'on a encore l'espoir un jour de gagner autant qu'eux. C'est aussi cynique que ça et cela n'a qu'un seul et unique but: maintenir la paix sociale.

 

En attendant, les entrepreneurs il n'y en a plus. Parce qu'on n'entreprend pas quelque chose avec l'idée de gagner rapidement plus d'un million d'euros, c'est absurde. On entreprend parce qu'on veut construire quelque chose, en être fier, et si possible gagner de l'argent et même à terme en gagner le plus possible, ce qui n'est aucunement honteux.

 

Mais on ne crée pas un empire industriel comme ça du jour au lendemain, mais à la façon d'un JL. Lagardère pour prendre un exemple typiquement français. On le crée par passion, par esprit d'entreprise, en se disant que si ça marche l'argent viendra tôt ou tard.

 

Ou alors on crée un site web, dans un domaine porteur, en se disant que dès qu'il sera suffisamment valorisé, même s'il ne repose pas vraiment sur une économie concrète, on pourra le vendre tiens par exemple 200 millions d'euros. Ca, ça s'appelle un coup financier. J'ai bien un exemple en tête mais je ne suis pas sûr que NKM apprécierait si je parlais de  son frère... Et tant pis si PriceMinister qui a été vendu 200 millions d'euros ne compte que 200 salariés (ce qui fait un million d'euro le salarié, ils doivent être bien payés chez PriceMinister). Après tout, business is business.

 

En attendant, ce type de business est tout sauf entrepeunerial. Il en est même complètement aux antipodes. Vive les nouveaux millionnaires, ceux qui ne créent rien hormis leur propre fortune! Et vive les héritiers surtout! Dassault, Bouygues, Lagardère, Bettencourt, ...

Publié dans Société

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
<br /> Je suis assez d'accord avec toi JF : les grandes fortunes sont en France surtout entre les mains d'héritiers, qui n'ont pas l'esprit d'entreprise ; l'intérêt social est désastrueux...<br /> <br /> <br /> A quoi sert de l'argent qui dort sur des contrats d'assurance-vie pour des raisons d'ordre purement fiscal ? Aucun intérêt pour la société : encore un exemple de législation fiscale dictée par<br /> des intérêts privés.<br /> <br /> <br /> Alors somme toute, bien qu'elle soit très symbolique, je suis d'accord avec la mesure proposée. Une tranche d'imposition à 75,00 % sur les revenus excédant un million c'est, à mon sens, un signe<br /> de bon aloi pour annoncer peut-être la fin du règne de l'argent Roi.<br /> <br /> <br /> Cependant, la mesure devrait s'accomagner de mesures incitatives pour que les liquidités en "sommeil" soient réinvesties dans l'entreprise. Ainsi, on pourrait imaginer de taxer davantage au titre<br /> de l'I.S.F. les capitaux placés sur des assurances-vie (placement préféré des français) et excèdant un certain seuil...<br /> <br /> <br /> Il faut imaginer en matière de succession, les fortunes immobilisées sur de tels contrats sans autre bénéficie que l'avantage fiscal en matière de transmission patrimoniale...<br />
Répondre
J
<br /> <br /> Salut l'Hérétique,<br /> <br /> <br /> je m'étonne que tu puisses utiliser le terme "odieux", qui est très fort, vis-à-vis de la seule mesure destinée à limiter des errances que tous combattent en paroles, F. Bayrou y compris.<br /> <br /> <br /> A titre d'illustration, voici des mesures<br /> ou un principe qui s'ils sont confirmés sont vraiment "odieux" pour le coup.<br /> <br /> <br /> Pour le reste, entre 1 SMIC et environ 80 SMICs, je crois qu'il reste quand même beaucoup de marge... Mais, "ce fric, c'est simple, il fait rêver au point de devenir totalement fou", comme je<br /> l'ai écrit dans mon billet. C'est le problème de notre société, et c'est bien entendu au sens plus large le problème de nos sociétés.<br /> <br /> <br /> Bien amicalement.<br /> <br />
Répondre
L
<br /> Moi je suis consterné que tu puisses prendre la défense d'une mesure aussi crétine que celle-là.<br /> <br /> <br /> Le principe en est odieux. Et, méfie-toi : on finit toujours par être le riche de quelqu'un...<br />
Répondre