Pourquoi il n'est pas temps de quitter le navire

Publié le par JF le démocrate

Qu'est ce que l'on peut entendre comme critiques de toute nature en ce moment sur le MoDem! Il est vrai que certains flottements dans les stratégies d'alliance lors des dernières élections municipales, ou la démission d'un J. Arthuis (certains diront un de plus!) permettent à la fois aux journalistes et aux autres partis politiques de gloser. Et bien entendu, ces derniers ne s'en privent pas. Il est d'ailleurs assez intéressant de noter de ci et de là les moqueries venant de personnalités du PS ou de l'UMP, sans compter le NC. Intéressant et même étonnant. Car si je suis leur logique, quel peut bien être l'intérêt de "tirer sur une ambulance", de vouloir à tout prix achever un François Bayrou qui n'est censé être plus qu'un homme seul, ayant tout raté depuis 10 mois, au bord de l'agonie. Le "mort" pourrait-il avoir des dons inconnus du commun des mortels, lui qui s'est engagé dans la construction du Mouvement Démocrate avec une conviction digne d'un appel divin, des dons faisant craindre sa résurrection?

Peut-être que simplement l'homme est toujours redouté par ses adversaires politiques. J'ai trouvé tout à fait pertinente une remarque SMS faite par un auditeur lors d'une récente émission télévisée: "le PS est un parti sans chef, le MoDem est un chef sans parti". Ces quelques mots résument bien je crois la situation actuelle de l'un et l'autre de ces deux mouvements politiques. La question sous-jacente que l'on pourrait naturellement être amenés à se poser est la suivante: est-il plus simple dans un parti existant, et possédant des bases bien établies - les élections municipales nous l'ont démontré -, de s'entendre sur qui en sera le chef, ou à partir d'un leader clairement établi de construire le parti qui doit l'entourer?

Je pense personnellement que la deuxième voie est la plus simple. Pourquoi? Pour la simple question pragmatique mais ô combien importante du projet, ce projet qui doit être parfaitement en adéquation avec le leader, sans quoi ce dernier ne peut le défendre avec la précision et la conviction nécessaire. Souvenons-nous du cas d'école, quasi-caricatural que nous a offert la dernière élection présidentielle: un projet taillé sur mesure par et pour Nicolas Sarkozy s'est vu opposé à un projet socialiste que ne souhaitait pas incarner dans sa totalité Ségolène Royal. En refusant de trancher rapidement le problème du leadership (non pas le poste de premier secrétaire, mais celui du candidat pour la prochaine présidentielle), le PS risque de se voir acculé en 2012 devant les même difficultés qu'en 2007.

On se rend bien vite compte sans nécessairement être sorti de St-Cyr que les problèmes humains, problèmes de concurrence entre les personnes, sont ô combien plus difficiles à résoudre que les problèmes de projet et d'organisation. Là où l'on peut trouver un conscensus sur des éléments qui peuvent être traités avec une certaine forme de sincérité quand il s'agit de bâtir un programme, toute notion de sincérité disparaît aussitôt dès qu'il est question de lutte pour le pouvoir.

On dit que le MoDem n'a pas de ligne politique, qu'être ni de gauche ni de droite ne signifie rien en soi. C'est exact je crois, bien qu'en terme de ligne politique nationale il existe quand même comme base le programme de François Bayrou pour les dernières présidentielles. Mais ce programme demande à être rafraîchi, voire plus amplement étoffé. C'est un projet de société complet qui doit émerger du travail qui sera bientôt entamé au sein du MoDem. Complet, signifie qu'outre des objectifs, il conviendra également d'énoncer les moyens pour atteindre ces objectifs. Vouloir humaniser la mondialisation constitue par exemple un beau thème de campagne, mais il faudra aussi démontrer qu'il ne s'agit pas de belles paroles en l'air, et qu'il existe effectivement un chemin pour y arriver. Ce chemin passe bien évidemment par l'Europe, mais là encore l'énoncé de ce seul argument ne suffit pas à assurer l'atteinte de l'objectif...

Il y a donc un gros travail à faire, et nul doute que ce travail prendra un temps très long, plusieurs années peut-être. C'est un grand défi qui s'annonce, car le MoDem ne sera alors plus considéré comme un "ni ni", mais comme un mouvement présentant un projet novateur et inédit. Deux règles s'imposent selon moi dans son élaboration:

- les adhérents doivent y être intimement associés, une approche bottom-up est souhaitable. C'est la garantie de la nouveauté,

- les arbitrages doivent être rendus par F. Bayrou, car à terme c'est lui qui sera (selon toute probabilité) le candidat MoDem en 2012. C'est la garantie de l'adhésion du candidat au projet.

Ces deux règles me paraissent fondamentales, et je crois qu'on ne pourra se passer de respecter ni l'une, ni l'autre.

Et dans l'intervalle me direz-vous? Dans l'intervalle, il faut savoir serrer les dents. Il faut comprendre que le MoDem est une aventure de longue haleine et qu'il faut savoir sacrifier certaines échéances de court terme pour voir plus loin. Ce fut le cas lors des dernières élections municipales. Mais le pire est peut-être déjà derrière nous.

Publié dans Mouvement Démocrate

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J
@ FLorent: je suis entièrement d'accord avec toi. Pour créer une "base", il faut que les adhérents s'approprient le mouvement démocrate. Et pour ce faire, une organisation idoine est nécessaire. Je pense personnellement qu'il faut savoir tirer profit de la possibilité, offerte par les statuts, de créer des fédérations thématiques, utilisant internet, ... peut-être que plutôt se contenter d'une fédération internet. Bien que les deux puissent naturellement être mis en oeuvre dans le même temps. Si l'on veut une base solide, constructive et surtout "créative", je crois qu'il faudra nécessairement en passer par là.
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F
Rien à redire, je souscris :) <br /> Mais il faudra une organisation digne de ce nom, et à l'heure actuelle il est impossible d'en être assuré...
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B
Au lieu de dire que c'est la faute des autres peu-être faudrait-il commencer par corriger les erreurs comme celle de s'allier aux communistes dénoncé^par Bayrou et suivi d'effet
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